Regroupement, révolution et journal

Les défis de « Rouge »

par Denis Godard

15 septembre 2009

Dans Stratégie et parti [1], Daniel Bensaïd explique : « [L]a révolution socialiste est la première révolution dans l’histoire qui suppose un degré préalable d’organisation et de conscience du but, c’est-à-dire un véritable projet stratégique. [...] c’est donc cet élément de conscience qui brise le cercle vicieux ; et, pour ce qui nous occupe (la conquête du pouvoir politique), un projet stratégique, une certaine organisation des forces en fonction d’un but, qui définit un parti révolutionnaire.[...] »

« Une crise révolutionnaire peut éclater, mais elle peut s’achever dans la défaite ; elle ne sera dénouée positivement que par une intervention consciente. Le parti n’est donc pas un simple pédagogue ou un simple reflet des mouvements sociaux. Il n’est pas réduit à un porteur d’idées. Il est au contraire la pièce centrale du dispositif stratégique de la révolution prolétarienne. »

« Si la révolution est d’abord est avant tout sociale, son sort se décide aussi en dernière instance militairement : l’action insurrectionnelle. [...] Il faut donc avoir construit préalablement quelque chose qui permette de décider avec un maximum de fiabilité. Cette décision n’est pas un putsch. [...] Ce qui permet alors de décider et d’agir, ce n’est pas la seule accumulation de forces et l’éducation du parti, c’est le type de liens qui ont été tissés entre ce parti et le mouvement de masse, l’autorité politique et morale conquise ; qui font qu’il peut être suivi et compris bien au delà de ses propres rangs. »

La nécessité de combiner ces différents éléments, accumulation de forces, éducation, projet stratégique, liens tissés avec le mouvement de masse, explique l’importance que les socialistes révolutionnaires ont toujours accordé à la presse.

La question de la presse est aujourd’hui dominée par la critique des médias comme l’exprime Ignacio Ramonet : « L’information, en raison de sa multiplication, de sa surabondance, de ses partis pris, se trouve littéralement contaminée, empoisonnée par toute sorte de mensonges, polluée par les rumeurs, les distorsions, les manipulations […] Elle tente d’installer dans notre conscient des idées qui ne sont pas les nôtres. » [2]

Cette réalité a tendance à en masquer une autre, le rôle que la presse a joué dans l’histoire des mouvements de lutte. Le nom de la plupart des dirigeants révolutionnaires est associé à un journal, Marat (l’Ami du Peuple), Babœuf (La Tribune du Peuple), Jaurès (L’Humanité), Marx (Reinische Zeitung), Lénine (Pravda), Gramsci (Ordine Nuovo), etc. Ces dirigeants avaient tous en commun de défendre une stratégie qui s’appuyait sur le mouvement des masses. La presse était l’outil qui permettait de s’adresser au plus grand nombre pour dénoncer le régime existant, développer des idées et analyses ainsi que pour informer.
Elle permettait d’établir les connexions entre tous ceux et celles qui se mettaient en lutte ou qui pouvaient le faire. Marat écrivait : « La presse, cet ardent foyer qui entretient l’esprit humain dans un état toujours complet d’ébullition, est la sentinelle avancée des peuples ; elle veille à tous leurs intérêts, ouvre les entrailles de la fourberie et les leur montre ; accable de sa voix accusatrice des ministres qui, à l’exemple de leur maîtres, se font voleurs et viennent parler publiquement de leur vieille probité. »

Au début de la Révolution Française il y avait 60 journaux périodiques dans toute la France. A l’été 1792 il y en avait 500 à Paris seulement. Dans sa récente biographie de Marx, Jacques Attali écrit à propos de 1848 en France : « Les idées bouillonnent et circulent : deux cents journaux paraissent chaque jour dans la capitale ! » [3]. Dans Les 10 jours qui ébranlèrent le monde [4] John Reed explique à propos de la Révolution russe : « Toute la Russie apprenait à lire et lisait en effet… Dans chaque ville et tout le long du front, chaque parti, chaque fraction avait son journal, au moins. Des centaines de milliers de brochures étaient distribuées par des milliers d’organisations qui les déversaient dans les unités, dans les villages, dans les usines, dans les rues… Rien que de l’Institut Smolny, et tout au long des six premiers mois de la Révolution, partaient tous les jours, par trains et par camions, des tonnes de littérature qui se répandaient dans tout le pays. » Et il décrit son arrivée parmi des soldats de la 12e armée : « Des hommes aux uniformes déchirés sans bottes, hâves nous accueillent dans la boue des tranchées. Quand ils nous aperçurent, ils se tournèrent vers nous : ‘Avez-vous apporté quelque chose à lire ?’ nous demandèrent-ils avec une sorte d’avidité. » Et après, notamment années 70 marquées par expansion de la presse militante dans tous les pays, notamment en Italie.

Une presse d’opinion

La conception de cette presse, son rôle comme son contenu, ont cependant évolué, dépendant non seulement des périodes mais aussi des stratégies défendues par ceux et celles qui la conçoivent. Il n’est ainsi pas indifférent de noter que L’Ami du Peuple de Marat commence ses publications après juillet 1789, c’est-à-dire comme conséquence de la première phase de la Révolution et non comme outil pour la préparer. C’est essentiellement un journal d’opinion. Cela correspond à la nature de la révolution bourgeoise : «  Par l’extension des rapports marchands, le mode de production capitaliste se développe en quelque sorte dans les entrailles de la société féodale et gagne du terrain. La bourgeoisie remportait des positions de force économiques, politiques (franchises municipales), culturelles (le temps de produire ses ‘intellectuels organiques’) bien avant d’accéder au pouvoir politique. La conquête du pouvoir politique couronnait un rapport de forces déjà largement développé dans l’ensemble de la société. » (D. Bensaïd)

Cette vision de la presse va continuer à dominer le courant socialiste dans sa lutte contre le capitalisme. Cela est vrai chez Marx et Engels (cf D.Bensaïd) Quand il créé L’Humanité Jaurès écrit : « Vers ce grand but d’humanité, c’est par des moyens d’humanité aussi que va le socialisme. A mesure que se développent chez les peuples et les individus la démocratie et la raison, l’histoire est dissipée de recourir à la violence. (…) C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. (…) Je voudrais que la démocratie socialiste unie à nous de cœur et d’esprit, fût fière bientôt de constater avec nous que tous les partis et toutes les classes sont obligés de reconnaître la loyauté de nos comptes-rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude contrôlée de nos correspondances. J’ose dire que c’est par là vraiment que nous marquerons tout notre respect pour le prolétariat. (…) L’indépendance du journal est entière. Les capitaux, dès maintenant souscrits, sont suffisants pour nous permettre d’attendre le développement espéré du journal. Et ils ont été souscrits sans condition aucune. » [5]

Un journal fait par des intellectuels pour les travailleurs, financé par des riches souscripteurs, aidant la société à évoluer vers l’harmonie sociale par le dévoilement de la vérité objective, voilà quels sont les éléments qui forment la base de la conception du journal pour Jaurès.

L’évolution de l’Humanité de cette période est révélateur des limites de cette conception. Voilà ce qu’en dit un proche de Jaurès, Charles Andler :

Les plus belles études de Jaurès sont peut-être de ces premières années, où l’Humanité refusa de ressembler au quotidien à un sou, du type Petit Journal. Le calcul se trouva faux. Les ouvriers veulent n’acheter qu’un journal par jour. Il faut qu’il leur apporte toutes les nouvelles du Matin ou du Journal ; et les ouvrières exigent, par surcroît, un feuilleton inédit. Jamais l’Humanité d’alors ne vendit plus de douze mille exemplaires ; et les abonnements étaient rarissimes. Et il ajoute : Le journal ne trouva son aplomb que le jour où il put se transformer en journal d’informations pures, où les articles de doctrine désormais, et ceux de Jaurès même, restaient succincts. Les articles littéraires, et d’abord les beaux articles de critique dramatique de Léon Blum, disparurent tout à fait. Qui de nous n’a regretté cette transformation ? Elle s’est révélée toutefois indispensable à la vie du journal. [6]

Sous le capitalisme la conception du journal comme journal d’opinion est pris en tenaille entre l’adaptation aux idées dominantes (pour s’adresser aux travailleurs) ou sa limitation à une élite, militante et surtout intellectuelle.

Un journal de parti

C’est dans la conception du journal développée par Lénine et le parti bolchevique que se trouvent les réponses sur comment briser ce cercle vicieux. D’une part le journal ne doit pas être un journal pour les travailleurs mais le journal des travailleurs. Car, si l’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, ceux-ci doivent s’organiser collectivement pour devenir les dirigeants de toute la société en lutte contre la classe dirigeante et l’État. D’autre part, il ne peut se contenter d’être un journal qui informe ou qui analyse, il doit être un journal qui révèle la structure de classe, qui défend une perspective et qui organise. Il doit être donc au sens large (de parti-pris) comme au sens plus étroit du terme (d’organisation politique) un journal de parti.

En 1901, dans un article célèbre, Par où commencer, Lénine explique ainsi son objectif :

Le journal ne borne pas cependant son rôle à la diffusion des idées, à l’éducation politique et au recrutement d’alliés politiques. Il n’est pas seulement propagandiste collectif et un agitateur collectif ; il est aussi un organisateur collectif. On peut à cet égard le comparer à l’échafaudage dressé autour d’un bâtiment en construction ; il ébauche les contours de l’édifice, facilite les communications entre les différents constructeurs, à qui il permet de répartir la tâche et d’embrasser l’ensemble des résultats obtenus par le travail organisé. Avec l’aide et à propos du journal se constituera d’elle-même une organisation permanente, qui ne s’occupera pas seulement d’un travail local mais aussi général et régulier, habituant ses membres à suivre de près les événements politiques, à apprécier leur rôle et leur influence sur les diverses catégories de la population, à trouver pour le parti révolutionnaire la meilleure façon d’agir sur ces événements. Les problèmes techniques - la fourniture dûment organisée au journal de matériaux, sa bonne diffusion - obligent déjà à avoir un réseau d’agents locaux au service d’un seul et même parti, d’agents en relations personnelles les uns avec les autres, connaissant la situation générale, s’exerçant à exécuter régulièrement les différentes fonctions fragmentaire à l’échelle de toute la Russie, s’essayant à la préparation de telle ou telle action révolutionnaire. Ce réseau d’agents sera justement la carcasse de l’organisation qui nous est nécessaire : suffisamment étendue pour embrasser tout le pays ; suffisamment large et diverse pour réaliser une division du travail stricte et détaillée ; suffisamment ferme pour pouvoir en toutes circonstances, quels que soient les ‘tournants’ et les surprises, poursuivre sans défaillance sa besogne propre. [7]

C’est parce qu’il se donne comme tâche d’être un organisateur collectif que le journal peut assurer son indépendance idéologique et financière de la classe dirigeante. C’est aussi ce qui lui impose de devenir un forum pour les travailleurs.

La Pravda créée par les bolcheviks en 1912 a été ce qui a le plus ressemblé à l’idée que se faisait Lénine du journal révolutionnaire. Madeleine Worontzoff le décrit ainsi :

Journal ouvrier aussi par son caractère populaire : un journal qui élève le niveau de conscience, sans pour autant se couper des préoccupations immédiates de ses lecteurs. Nous en donnerons pour preuve la composition extrêmement équilibrée du journal - à peu près constante - entre 1912 et 1914. En page un, l’éditorial, article de fond écrit par un dirigeant du parti sur les axes fondamentaux de sa politique ; les gros titres, les exclamations, les poésies popularisent ces grands thèmes de propagande. La page deux est une page d’actualité (manifestations, comptes-rendus de l’activité de la fraction bolchevique à la douma, articles de politique étrangère surtout après 1914). Le bas de la page est souvent un long article théorique, paraissant en plusieurs jours en feuilleton : ainsi, l’allègement de la difficulté ne se fait pas au prix d’abréviations et de simplifications. La page trois est presque entièrement occupée par les correspondances : lettres d’ouvriers, de villes, de comités, ‘télégrammes’, ‘chroniques’, ‘comptes-rendus’ du mouvement ouvrier. C’est la ‘page’ de la vie militante et des luttes quotidiennes. La page quatre est plus indifférenciée comme le sont très souvent les dernières pages. [8]

Plus de 11 000 correspondances par les travailleurs furent publiées dans la Pravda en un an, soit 35 par jour ! C’est un des aspects fondamentaux par lesquels le journal pouvait être celui des travailleurs. Mais ainsi il poussait aussi tous ceux et celles qui écrivaient ces correspondances à s’adresser aux autres travailleurs, à déterminer dans leur expérience propre ce qui pouvait représenter des leçons générales. Et il permettait, dans chaque endroit où une correspondance était publiée, de gagner de nouveaux lecteurs qui voyaient leur propre expérience apparaître dans le journal.

C’est certainement la diffusion du journal qui est le facteur le plus direct de l’organisation parce que cette diffusion met en place tout un ‘réseau d’agents’ reliés à une tâche centrale. Mais cette diffusion est loin d’être une tâche technique. En diffusant le journal les travailleurs arrêtent de n’être que consommateurs passifs :

Un travailleur qui achète un exemplaire du journal a une attitude très différente envers lui que celui qui en vend quelques-uns. S’il l’achète, il n’a pas besoin de le lire, de prendre position sur les différentes idées dans le journal. S’il le vend il est obligé de faire les deux parce qu’il risque alors de devoir affronter les arguments d’un de ceux qui lui ont acheté. En réalité les gens ne clarifient pas leurs idées tant qu’ils ne doivent pas se battre pour elles. Si un seul journal est vendu cela ne crée pas un conflit d’idées - si cinq sont vendus au même endroit oui. Il ne s’agit donc pas simplement d’un changement quantitatif mais d’un changement qualitatif radical dans la relation des individus aux idées et à l’organisation qui propage ces idées. [9]

Enfin le journal agit comme un organisateur non seulement parce que des milliers de travailleurs le lisent, y écrivent et l’achètent mais aussi parce qu’il encourage la formation de groupes de travailleurs pour collecter de l’argent pour le soutenir. Dans la Pravda du 12 juillet 1912, Lénine écrit ainsi : « Du point de vue de l’initiative et de l’énergie des travailleurs eux-mêmes, il est beaucoup plus important d’avoir 100 roubles collectés par, disons, 30 groupes de travailleurs que 1 000 roubles collectés par des dizaines de ‘sympathisants’. Un journal fondé sur la base de pièces de 5 kopeks collectées par des cercles de petites entreprises est beaucoup plus sûr, solide et sérieux (à la fois financièrement et plus important que tout, du point de vue du développement du mouvement ouvrier démocratique) qu’un journal fondé avec des dizaines et des milliers de roubles donnés par des intellectuels sympathisants ». En 1913 la Pravda reçut 2 181 contributions de groupes de travailleurs.

Pour conclure sur l’apport de Lénine à la conception du journal il est important d’ajouter plusieurs éléments. L’exemple de la Pravda, de 1912 à 1914, est ce qui se rapproche le plus de la conception de Lénine d’un journal populaire, d’un journal ouvrier. Mais même à cette période Lénine proposait la création d’un autre quotidien, moins cher, moins difficile d’accès, susceptible de s’adresser encore plus largement aux travailleurs, la Pravda s’adressant à des travailleurs déjà conscients. Car pour Lénine, comme le rappelle Madeleine Worontzoff, plus que d’un journal, la conception de Lénine était celle d’un système de presse, pouvant combiner plusieurs types de publications permettant de remplir les différentes fonctions de propagande, d’agitation et d’organisation (au journal s’ajoutait notamment une revue permettant le développement théorique…).

Enfin il faut être très clair sur le fait que le journal n’est jamais le but : « Ceux qui ne voient dans le ‘plan’ de l’Iskra que de la ‘littérature’ n’en ont pas du tout compris le fond : ils ont pris pour le but ce qui, au moment actuel, n’est que le moyen le plus indiqué. »

Rouge et regroupement

L’évolution du capitalisme ne fait que rendre plus nécessaire le développement d’une presse révolutionnaire.

Dans une société qui s’est complexifiée les idées dominantes sont ancrées par des médias diversifiés [10] mais aussi par la massification de l’éducation et toutes les formes d’organisations de la société aux rôles contradictoires (organisations du mouvement ouvrier mais aussi développement des associations de toutes sortes). Par ailleurs si le capitalisme a développé le salariat à une échelle jamais atteinte, il a aussi favorisé l’atomisation des travailleurs.

Au-delà de son rôle directement idéologique, la nécessité de construire une force capable de combiner agilité tactique et principes stratégiques, regroupements et combat pour une stratégie révolutionnaire, rend l’outil que représente la presse plus crucial que jamais. [11]

La tâche la plus urgente pour les révolutionnaires en France est de faire de Rouge, l’hebdomadaire de la LCR, l’outil approprié à la situation.

Pour cela nous devons comprendre qu’il n’y a pas de contradictions à ce que Rouge, journal des révolutionnaires, soit aussi le meilleur journal pour construire le regroupement dans une force radicale et le meilleur journal du mouvement. C’est même l’enjeu. Il ne fera cela que s’il parvient :

  1. à cristalliser ponctuellement, une audience très large lors de crises spécifiques (grèves, émeutes, scandale politique…), devenant une référence pour des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs. Dans ce type de crise, l’essentiel du journal devrait être consacré à la crise en question, avec une ‘Une’ d’agitation, la mise à contribution des membres de l’organisation mais aussi de toute notre périphérie pour informer et expliquer les enjeux de la situation. Dans un cas comme les émeutes en banlieue nous pouvons ainsi avoir des informations, des interviews à partir des camarades que nous avons dans les quartiers, des enseignant-e-s, des lycéen-ne-s, des travailleurs sociaux. Nous pouvons combiner cela avec des articles sur le logement, les sans-papiers, la répression policière. Nous pourrions aussi avoir des articles sur la dynamique des collectifs du 29 mai dans ces quartiers, leurs difficultés, leurs perspectives, argumenter pour une forme d’auto-organisation dans les quartiers. C’est ainsi que nous pourrions donner une alternative face à ceux qui argumentent pour une ‘police de proximité’. Argumenter pour le soutien aux grèves des transports, la défense des services publics permettrait aussi d’argumenter pour des moyens de lutte qui dépassent les limites et les contradictions de la guerilla urbaine. Et nous pourrions aussi avoir des articles sur plus théoriques sur l’Etat, le rôle de la police… Ce type de journal rencontrerait un écho large pour les diffusions publiques dans tous nos quartiers mais aussi autour de chacun d’entre nous. La diffusion de Rouge, dans ce type de situation, ne se transformerait pas directement en une augmentation de la diffusion régulière du journal, mais il créerait une ‘réputation’ facilitant le travail plus régulier.
  2. à construire une périphérie régulière de lecteurs et lectrices, dans les lieux de travail, les quartiers, les universités qui achètent le journal régulièrement, le financent. Cela passe par un travail plus régulier de ‘révélations’ politiques, d’informations sur nos milieux, sur les luttes en cours, les débats au sein du mouvement. Cela passe surtout par une impulsion donnée aux ventes régulières.
  3. à contribuer à organiser une nouvelle direction dans le mouvement de syndicalistes, militant-e-s associatifs, des collectifs qui non seulement achètent le journal mais y contribuent et commencent à le diffuser à leur entourage. Le journal révolutionnaire est le seul qui puisse se permettre d’avoir des milliers de journalistes. Ce sont ceux et celles-là qui assureront la qualité ‘de classe’ du journal. Potentiellement nous avons des alliés dans toutes les entreprises, dans tous les ministères, dans tous les médias. Nous devons amorcer la pompe, montrer que ces révélations nous intéressent. C’est par un syndicaliste de Thalès qu’ACG avait ainsi appris qu’une réunion était organisée le 11 Septembre 2002 au Sénat avec non seulement la ministre de la Défense mais aussi des représentants du FBI de la CIA et de l’industrie d’armement pour discuter de la lutte antiterroriste. Par ailleurs, nous devrions solliciter tous ces activistes pour des comptes-rendus de leurs luttes de leurs activités et transformer Rouge en un forum pour les débats au sein du mouvement. Cela exige de mettre l’accent sur un travail fait par chaque section de la LCR dans les milieux où les membres de l’organisation sont actifs.
  4. à souder autour du journal un pôle de révolutionnaires, qui organisent la diffusion, organisent des réunions autour de ses analyses et articles plus théoriques. Développer le travail décrit dans les points précédents serait un pas considérable vers le développement de l’organisation, de sa coordination et de sa cohésion à l’échelle du pays mais aussi dans chaque endroit. L’édito du journal indique une orientation nationale, des articles d’analyse et de théorie forment la base de la politique de l’organisation. Car le journal ne peut être un simple reflet du mouvement. Il serait alors dépendant des hauts et des bas de la lutte et, d’une manière ou d’une autre, de l’influence des idées dominantes. Le noyau de base du journal c’est l’organisation révolutionnaire, le réseau des militant-e-s qu’il contribue à forger.

Le développement de Rouge en ce sens ne serait pas en opposition avec le développement de publications plus théoriques. Au contraire il exigera de plus en plus que ce travail s’accompagne de la publication de brochures ‘à thème’ permettant de développer un sujet et de publications régulières plus théoriques.

Notes

[1Daniel Bensaïd, Stratégie et Parti, La Brèche, 1987. Les citations de Daniel Bensaïd qui suivent dans cet article sont toutes tirées de cette brochure.

[2Ignacio Ramonet, "Le cinquième pouvoir" dans «  Combats pour les médias  », Manière de voir 80, avril-mai 2005

[3Jacques Attali, Karl Marx ou l’esprit du monde, Fayard, 2005

[4John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde, 1958

[5Jean Jaurès, Notre but, 1904

[6Charles Andler, La vie de Lucien Herr, Maspéro, 1977

[7Lénine, Par où commencer  ?, Œuvres T. 5

[8Madeleine Worontzoff, Nom : Lénine - Profession : journaliste, Éditions de la Taupe rouge, 1975

[9Tony Cliff,The use of Socialist Worker as an organiser dans Neither Washington nor Moscow, 1982

[10Voir notamment le site d’Acrimed (Action-Critique-Médias), www.acrimed.org

[11Le développement d’internet ne doit pas mener à considérer ce nouvel outil comme un substitut au journal ’papier’. Au delà des limites certaines d’internet (et notamment la surcharge rapide due à l’absence de tri), la raison principale est qu’internet ne peut qu’organiser des réseaux prééxistants. S’il peut tisser une toile, il ne peut pas la développer. En ce sens internet peut être un outil utile à condition de le combiner avec d’autres et notamment le journal.


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