1995-2007, les luttes en France

Nous n’en sommes qu’aux balbutiements

par Denis Godard

29 septembre 2009

En octobre 1985, Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT, déclare : « La vieille mythologie syndicale - l’action syndicale, c’est la grève - a vécu ». Dix ans plus tard, à l’hiver 1995, la France est paralysée par le plus grand mouvement de grèves, d’occupations et de manifestations que le pays a connu depuis mai 1968. Le 12 décembre 1995, alors que certains secteurs sont en grève depuis 3 semaines, que des centres de tri, des dépôts de bus et de train sont occupés, plus de 2 millions de manifestants défilent dans toute la France à la lumière rouge des torches des cheminots. Comme un défi aux fragmentations des luttes et des questions qui ont marqué le reflux de la vague des années 1970, le slogan central des manifestations de l’hiver 1995 est « Tous ensemble, tous ensemble ».

Les cheminots vont voir les centres de tri dans les gares, les postiers en grève vont voir les agents des télécoms, puis tous ceux d’EDF, etc. Ce sont des événements que nous n’avions jamais vus. [...] Lorsque les cheminots allaient défendre leur grève dans les assemblées, leur message comportait la question des services publics, du choix de société. Ce n était pas du tout un discours corporatiste. À cela s’ajoute le rôle clé de l’assemblée générale (AG). Je travaillais au centre télécom d’Arcueil : les cheminots et les professeurs venaient à notre AG. On a même vu des journalistes prendre la parole comme si le sujet était aussi le leur. On se croisait aussi dans les manifestations tous les deux jours. Dans l’intervalle, les AG étaient l’occasion de débats sur les valeurs communes. La fin de la grève a été très dure à vivre dans notre centre. Les salariés ne voulaient pas reprendre le travail après une expérience aussi riche. Cette grève avait une portée de construction d’autres rapports sociaux dans l’entreprise et la société, et cela a produit des crises émotionnelles fortes, au moment d’arrêter. [1]

Ce mouvement ne vient pas de nulle part. Des éléments que nous retrouverons dans la période ouverte par les luttes de l’hiver 1995 ont commencé à se développer au sein même de la période précédente. [2]

Mais l’aspect massif du mouvement de grève et des manifestations de l’hiver 1995, le soutien de la population et la radicalisation des travailleurs créent un tournant. Symboliquement la figure marquante des espoirs ensevelis de la gauche, François Mitterrand, disparaît alors que les forces vives d’un socia lisme authentique ont retrouvé le chemin de la lutte.

Malgré l’absence de formalisation explicite de contre-propositions, le mouvement social de l’automne 1995, par la ténacité de ses grèves et l’ampleur de ses manifestations, a exprimé une véri table défatalisation du libéralisme. La poursuite des mouvements revendica tifs, entre 1996 et 1998, confirme l’existence d’une onde de refus et la reprise de la contestation sociale. [3]

Dans les dix ans qui suivent la France va connaître deux nouvelles vagues de mouvements de masse, en mai-juin 2003 puis au printemps 2006. L’ampleur de ces trois mouvements (à chaque fois les comparaisons seront faites avec juin 1936 et mai 1968) et leur répétition sur quelques années est en soi la marque d’une nouvelle période de luttes de masse en France [4].

Un processus s’ouvre

Le mouvement de 1995 est un début. C’est une première explosion de masse qui révèle le potentiel trop vite enterré de la classe ouvrière. Mais il se heurte aux limites produites par la période de reflux :

Tout le potentiel qui s’est exprimé à travers les grèves de décembre est resté à l’état embryonnaire. Les dirigeants syndicaux n’ont jamais appelé à une grève générale ni n’ont cherché à la construire. [...] Les tentatives de créer des structures reliant différentes sec tions de travailleurs sont restées isolées et locales. Ces initiatives n’étaient pas encouragées par les dirigeants syndicaux. Ceux-ci avaient trop peur que cela donne naissance à des coordinations contrôlées parles travailleurs eux-mêmes qui commenceraient à élire leurs propres représentants issus de la lutte plutôt que des négociateurs professionnels comme Viannet ou Blondel. [...] Les initiatives prises dépendaient en général de la présence d’un ou de plusieurs militants prêts à organiser le mou­vement et élargir la mobilisation. C’est ce qui explique l’énorme hétérogénéité des situations. Là où des militants étaient présents pour proposer des ini­tiatives et établir des connections entre travailleurs de différents secteurs, la dynamique s’est développée très rapidement. Dans d’autres cas la grève a perdu beaucoup de sa dynamique et les grévistes sont restés isolés. [...] Cela aurait exigé une direction politique déterminée à abattre le gouvernement. Ni le Parti communiste ni, encore moins, le Parti socialiste, ne voulaient donner cette direction. Se camouflant derrière l ’excuse de ne pas vouloir récupérer le mouvement, ils ont laissé leurs militants sans direction et n’ont pas offert de pers pective pour les travailleurs en lutte. [5]

L’esprit du Tous ensemble va rebondir sur le terrain politique de la lutte contre le racisme. Dès février 1996 c’est la section la plus opprimée des travail­leurs, les sans-papiers qui décident d’arrêter de se cacher et occupent une église dans le 11e arrondissement à Paris. Chassés de plusieurs lieux un mouvement de soutien s’organise autour d’eux. Lorsque la police inter vient brutalement pour les expulser de l’église St Bernard en plein mois d’août, plus de 10 000 personnes manifestent le soir même. Alors que les cortèges organisés s’arrêtent place de la Nation, des milliers de manifestants vont conti nuer sur plusieurs kilomètres pour aller devant le centre de rétention de Vincennes. Début 1997 à l’initiative de cinéastes et réalisateurs, une campagne de pétitions et de manifestations s’op pose au durcissement des lois Debré contre l’immigration. En mars 1997 la plus grosse manifestation contre le Front national a lieu à Strasbourg au moment où s’y déroule le congrès du parti fasciste. La combinaison du retour des luttes sociales, d’une mobilisation antiraciste et des contre-manifestations provoquent une crise dans le FN qui aboutira en 1998 à une scission [6].

Même si le terrain le plus visible est occupé par les luttes politiques, la lutte économique elle-même ne s’arrête pas dans la période qui suit l’hiver 1995 mais elle change de forme. Le reflux de la grève nationale donne naissance à des conflits localisés. Les grèves sont marquées par la détermination des salariés comme en janvier 1997 avec l’occupation du siège du Crédit foncier de France par deux mille salariés qui contestent le démantèlement de la ban­que. La séquestration de certains de ses dirigeants dont le gouverneur, éton nent dans un secteur peu revendicatif et de la part de cadres.

[D]ans leur déroulement, dans les catégories de salariés qu’ils impliquent, ces conflits reproduisent des dimensions qui étaient déjà présentes dans le mou vement social de l’automne 1995. Menés de façon intersyndicale lorsque cette dis position s’avère possible, ils ne s’établissent dans la durée qu’en vertu d’une pratique relativement démocratique à la base (reconduction de l’action de jour en jour, etc.). [...] Enfin, le soutien de l’opinion publique, exprimé parfois par des manifestations de solidarité, ne renvoie pas à une expression formelle. De véri tables conflits de pays se développent. [7]

Une opération ville morte le 26 juin 1996, réunit ainsi 5 000 personnes dans petite ville de Mamers susceptible de perdre un cinquième de ses emplois à cause de Moulinex.

Les élections législatives anticipées de 1997 permettent aux travailleurs d’obtenir la victoire différée de 1995 : Juppé est viré. La promesse centrale de Jospin, nommé Premier ministre, est la réduction du temps de travail. Sa victoire est contradictoire. Elle révèle certes la réalité des illusions réformistes des travailleurs mais élève aussi les attentes. L’hiver est marqué par le mouvement des chômeurs qui réclament notamment une prime de Noël et sont largement soutenus.

Ce n’est pas à cause d’une réduction de moyens mais suite à l’annonce d’un plan de rattrapage jugé insuffisant en Seine-Saint-Denis par Claude Allègre et Ségolène Royal le 2 mars 1998 que les enseignants, parents d’élèves et les élèves déclenchent une véritable conflit de pays piloté par une Assemblée générale départementale des établissements. Les cinq semaines de grève, les établissements occupés et les neuf manifestations unitaires se traduiront par la promesse de 3 000 postes sur trois ans pour le département.

La généralisation politique ne se traduit pas par le développement des partis à gauche mais par le succès d’une association qui ne se donne pourtant au départ qu’un objectif limité, l’éducation populaire. Attac est créé en 1998. Cette organisation jouera un rôle central en France mais aussi internationalement dans le développement de ce qui va s’appeler le mouvement altermondialiste. Alors qu’Attac sera, organisationnellement, un vecteur, limité à certaines couches de la population, de la radicalisation politique, les manifestations de ce mouvement auront une surface sociale plus large comme en témoignent les manifestations de Nice, Millau ou Saint-Denis.

Les attentes suscitées par la loi sur les 35h mais aussi ses limites et la néces sité de compter sur ses propres forces pour imposer les meilleures conditions possibles suscitent une véritable explosion de conflits localisés (2 000 à La Poste par exemple) entre 1999 et 2001 amenant à caractériser cette période comme un véritable « 95 rampant ». Ce climat nourrit la confiance dans les nouveaux secteurs de la classe ouvrière, les plus jeunes et précaires, ceux de la distribution et de la restauration rapide. Des grèves, parfois dures, se dévelop pent entre 2000 et 2003 à MacDo, Pizza Hut, Go Sport, Casino, Virgin, Fnac. Ces grèves sont souvent l’occasion de création de sections syndicales. Elle font émerger une nouvelle génération de délégués syndicaux notamment à la CGT.

En 2001 les grèves de Lu-Danone et de Marks & Spencer sont emblématiques de l’évolution de la situation. Le boy cott des produits Danone appelé par les syndicats et relayé notamment par Attac, outre le fait qu’il démontre la popularité du mouvement, exprime la recherche de moyens pour généraliser la grève [8]. À l’usine d’Evry les dirigeants locaux de la grève sont proches de LO et de la LCR. À Lu-Calais et Marks & Spencer Paris les délégués syn dicaux portés à la tête du mouvement sont des femmes. Les intersyndicales de LU-Danone, Marks & Spencer AOM-Air Liberté-Air Littoral, s’unissent pour lancer un appel commun : « Comme tous les travailleurs et tous les militants syndicalistes de ce pays, nous pensons qu’il ne faut pas manquer l’occasion de réagir tous ensemble afin de ne pas être battus les uns après les autres. » Non soutenu par les directions confédérales cet appel aboutit pourtant le 9 juin 2001 à une manifestation de plus de 20 000 personnes à Paris démontrant la volonté et la nécessité de construire des courants unitaires et combatifs à la base.

Des limites plus conscientes

Les élections présidentielles de 2002 sont l’expression d’un processus de polarisa tion politique. Le premier tour se traduit par une percée des révolutionnaires (10 %), la déroute de la gauche plurielle (PS, PCF et Verts) et la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen.

Plutôt que d’abattre le mouvement, le résultat du premier tour est une mobilisation spontanée de masse contre le Front national avec des manifestations dès le soir des résul tats. Le 1er mai, 2 millions de manifestants envahissent les rues dans les villes du pays. Le Premier ministre nommé par Chirac aura beau dire ensuite que « ce n’est pas la rue qui gouverne », le mouvement qui porte à nouveau la droite au pouvoir est paradoxalement son plus grand ennemi.

Le mouvement antiguerre qui éclate internationalement dès la fin de l’année 2002 et se cristallise dans la journée internationale de manifestations du 15 février 2003 (500 000 manifestants en France) est un produit du mouve ment altermondialiste. Dans ces manifestations le rejet de la guerre est clairement articulé avec l’idée qu’il s’agit d’une guerre pour la domination du monde et d’une guerre pour le pétrole. Rejet de la guerre et rejet du modèle néolibéral associé à la politique des États-Unis vont de pair.

Mais ce mouvement exprime aussi un développement qualitatif qui n’ira pas sans créer des crises au sein du mouvement alter mondialiste [9] : « Il suffit donc de rappeler de manière télé graphique les effets de la guerre en Afghanistan et en Irak comme puis sants facteur de politisation du mouve ment et aussi comme démenti concret de toutes ces visions de type Empire qui proclamaient la fin de l’impérialisme, la fin du rôle des Etats nationaux, et plus particulièrement de l’État impérialiste étatsunien. » [10].

C’est sur une question politique/ économique (le système des retraites) que le mouvement s’exprime à nouveau de manière massive dès le mois de mai 2003 avec le « printemps anti-Fillon ». La phase des conflits localisés redonne naissance à un mouvement massif de grèves et d’occupation dont le moteur est cette fois le mouvement enseignant. Comme en 1995 il est ponctué par des journées de manifestations de masse. Le 13 mai près de 2 millions de manifestants protestent dans toute la France. Les grèves sont massives avec des pics plus forts qu’en 1995 à la SNCF, EDF/GDF, La Poste, France Télécom, RATP, les hôpitaux, les transports aériens et urbains. Une grosse mobilisation a lieu dans le secteur bancaire. Les cortèges, notamment enseignants, et les slogans sont clairement marqués par les expériences du mouvement altermondialiste et antiguerre.

Analysant la mobilisation enseignante Bertrand Geay écrit :

[L]e fait le plus notable de ce mouvement est peut-être cet alliage particulier qui s’est constitué dans l’action entre les dispositions anti-institutionnelles des nouvelles générations d’enseignants et les traditions syndicales et politiques de cet univers. On en avait vu les prémisses au cours des années passées, des coordinations de la fin des années 1980 jusqu’aux mouvements du 93, du Gard et de l’Hérault, en passant par décembre 95. Mais c’est à une sorte de généralisation de ce processus que l’on a assisté au cours des derniers mois. [11]

À partir de ce mouvement on peut dire que les limites du mouvement deviennent plus conscientes. En 1995 les appareils syndicaux et politiques avaient dû contenir les slogans appelant à la démission de Juppé. Cette fois il n’y aura pas de poussée pour la démission du gouvernement. On n’attend rien de prochaines élections. La conscience se développe du besoin d’un mouvement plus général (on attend notamment la grève reconductible des cheminots) mais il n’existe pas encore de relais suffisants pour l’impulser et l’imposer. Dans cette situation la trahison de la CFDT (qui se met d’accord séparément avec le gouvernement dès le 15 mai) et la capitulation de la CGT signent l’échec du mouvement sur ses revendi cations. Mais pour René Mouriaux « L’hypothèse selon laquelle le court vingtième siècle s’est achevé en 1991 montre sa fécondité. Nous sommes entrés partiellement depuis 1995 dans une nouvelle période dont la première spirale s’écrit sur le mode antilibéral. Si cette problématique est correcte, l’épisode du printemps 2003 avec ses avan­cées, ses contradictions, sera suivi d’autres phases. Au-delà des impatiences et du fatalisme, le processus en cours s’annonce de longue durée. L’échec du printemps Fillon n’a pas arrêté la revendication sociale. Celle-ci s’est poursuivie avec les intermittents du spectacle, de nouveau, les enseignants, les cheminots, les électriciens, les chercheurs.  » [12]

Construire une nouvelle direction

En 2004 on assiste à une sorte de pause gréviste. On n’est plus dans l’exaltation de la première phase du mouvement. La conscience se développe que les enjeux s’élèvent. Par contre, dans les conflits de cette année, si les grèves sont moins nombreuses, le taux de participation augmente. Une autre phase du mouvement commence dans laquelle les travailleurs seront moins enclins à disperser leurs forces.

Ces différents éléments vont mar quer l’année 2005. Un nouveau pic de grèves est nourri notamment par les appels intersyndicaux à des journées de mobilisation sur les questions générales du pouvoir d’achat, du service public et des conditions de travail. Ces journées sont l’occasion de fortes manifes­tations (1 million le 10 mars et le 10 octobre). Mais la stratégie de la multiplication des journées d’action par les directions syndicales s’essouffle à cha que fois. Les travailleurs montrent ainsi à la fois leur disponibilité au combat et leur refus de gaspiller leurs forces. Les appels minoritaires à la reconduction ne prennent pas non plus. Le processus bute sur l’absence d’une alternative constituée aux directions syndicales.

C’est le référendum sur le traité constitutionnel européen qui va être le vecteur du rejet ultra-majoritaire du libéralisme dans la classe ouvrière. Il condense des leçons apprises au cours des années précédentes. Soumis à la pression de leur base les cadres intermédiaires de la CGT imposent à leur direction un refus du traité. La victoire au référendum est obtenue non seulement contre la droite et contre la majorité des médias mais aussi contre la direction du PS, des Verts et de la CFDT.

Et cette victoire est rendue possible par l’unité réalisée entre la gauche politique (principalement la LCR, le PCF et des courants du PS) et les courants syndicaux et associatifs du mouvement. Cette dynamique créée autour de col lectifs unitaires locaux va se prolonger exprimant cette fois concrètement la recherche de construction d’une direction politique pour le mouvement.

Du mouvement social au mouvement politique ?

La force de la dynamique permet en juin suivant l’adoption d’une charte antilibérale par les collectifs qui se sont maintenus. Une campagne est lancée pour des candidatures unitaires aux électionsprésidentielles et législatives de 2007 . Cette campagne échoue à la fin de l’année 2006.

L’aspect coup d’essai de cette tentative de création d’une alternative politique issue du mouvement est attesté par la faiblesse du lien organique entre le mouvement des luttes et le proces sus des collectifs. Ceux-ci ont été largement extérieurs, en tant que force collective identifiée, aux mouvements de lutte qui ont continué de marquer la période (ce qui ne signifie pas que c’est le cas des militant-e-s impliqué-e-s dans les collectifs) : soulèvement des banlieues à l’hiver 2005, mouvement contre le CPE du premier semestre 2006 et développement du Réseau éducation sans frontières (RESF) à partir de l’été 2006.

Pierre Rousset souligne dans un article polémique cette faiblesse :

Le mouvement des collectifs est resté numériquement et politiquement important. Leur composition semble avoir été très variable suivant les endroits ; mais ils ont rassemblé bon nombre des militants actifs dans les luttes et solidarités locales. Cependant, le mouvement des collectifs s’est aussi retrouvé socialement assez déraciné. Ce qui explique probablement pour quoi il n’a pas permis l’apparition de candidats à la candidatures « incarnant » les mouvements sociaux (à part José Bové qui n’avait pas besoin des collectifs pour « émerger »). […] Le nouveau regroupement prend forme uniquement (ou presque) sur le terrain électoral. Nombre de ses « figures » sont habituées des institutions (Conseil d’État, mairies, Parlement…). Ce n’est pas le meilleur point de départ pour construire un parti de transformation sociale. En effet, pour pouvoir s’engager sur le champ institutionnel sans en être otage, le centre de gravité d’un tel parti doit être son enracinement social, son investissement dans les luttes. [13]

Ce qui a pour nous été une des faiblesses principales du mouvement des collectifs doit relativiser la portée de l’échec - et notamment ses conséquences sur le développement des luttes sociales. Car le mouvement social ne s’est pas engagé de tout son poids dans cette tentative. À la différence de ce que développent Stathis Kouvélakis et Antoine Artous [14] cet échec ne marque donc pas la fin du cycle ouvert en 1995. Le processus va poser à nouveau de manière têtue cette exigence d’une nouvelle direction au sein du mouvement. Mais alors que l’idée d’une autonomie du mouvement social a dominé la première phase, l’autonomie d’un mouvement politique ne peut être la réponse appropriée.

Et d’ailleurs le mouvement a continué dans cette dernière année d’apporter des nouveaux outils. À des degrés différents le soulèvement des banlieues et le mouvement contre le CPE ont propulsé sur la scène une nouvelle génération non marquée par les défaites du passé, contestant le système dominant, ayant fait l’expérience de la lutte, ayant de fait donné pendant des semaines une direction à tout le mouvement et ayant gagné.

Le combat de RESF est à la jonction de plusieurs luttes politiques : contre le racisme et les violences policières et pour la défense du service public de l’éducation nationale. En cela il est dans la lignée directe de la voie ouverte par le mouvement de l’hiver 1995 et du processus qui s’est développé ensuite. Mais l’expérience de RESF pourrait aussi représenter une évolution qualitative. Localement RESF, en lien avec les parents d’élèves (la FCPE) et les syndicats a impulsé des grèves. Ça a notamment été le cas le 2 février 2007 dans le 18ᵉ arrondissement à Paris et sur tout Paris le 27 mars 2007 en soutien à la directrice de l’école de la rue Rampal. À ces occasions la grève a été un outil directement politique. Cet aspect a été largement ignoré. Pourtant sa généralisation ouvrirait une avancée considérable en fournissant une base matérielle pour briser le mur qui sépare les luttes politiques et les luttes économiques et les enferme toutes deux dans les limites institutionnelles au sein desquelles les directions traditionnelles du mouvement ouvrier ont tout intérêt à les cantonner.

Quel processus ?

Le but révolutionnaire est au cour du processus de la grève de masse ; c’est la véritable signification de la phrase de Rosa Luxemburg : « Le schéma vulgaire n’aperçoit de rapport entre la grève de masse et la révolution que dans les affrontements sanglants où aboutissent les grèves de masse ; mais un examen plus approfondi des événements russes nous fait découvrir un rapport inversé. en réalité ce n ’est pas la grève de masse qui produit la révolution, mais la révo lution qui produit la grève de masse. » [15] Le moteur des conflits de classe réside dans l’antagonisme fondamental qui oppose les travailleurs aux capitalistes. C’est là l’origine toujours renouvelée des grèves. Mais, quel que soit leur résultat les grèves ne peuvent, en elles-mêmes, résoudre cet antagonisme. Elles ne font que révéler, positivement ou négativement, aux yeux des travail leurs impliqués l’irréductibilité de cet antagonisme. Mais elles peuvent aussi développer un processus qui pointe vers la résolution de cet antagonisme : la transformation de tout l’ordre social. En 1899 Lénine écrit ainsi : « Chaque grève rappelle aux capitalistes que ce ne sont pas eux les vrais maîtres, mais les ouvriers, qui proclament de plus en plus hautement leurs droits. Chaque grève rappelle aux ouvriers que leur situa tion n’est pas désespérée, qu’ils ne sont pas seuls. » Dans le même article, il cite un ministre de l’Intérieur allemand : «  Derrière chaque grève se profile l’hydre de la révolution. » [16]

Vu à l’échelle de l’ « ici et maintenant » le processus que nous avons décrit pour la France n’a rien résolu en soi. Il a même peu gagné en termes concrets. Il a été l’un des moteurs de la polarisa tion sociale et politique. Il a poussé notamment la classe dirigeante fran çaise à chercher de son côté une stra tégie pour renverser la situation dans le cadre de ses intérêts. C’est là la signifi cation de Sarkozy. Ce faisant il confronte en permanence ceux et cel les qui luttent à de nouveaux obstacles qu’ils et elles ne pourront franchir qu’en développant plus avant le processus.

Est-ce à dire que le processus que nous avons décrit est un processus révolutionnaire ?
Compris littéralement ce serait bien sur une folie. Comme le dit Stathis Kouvélakis :

[A]vec la victoire du non au référendum français, et ses effets dominos sur le reste de l’Europe, une victoire due à la montée en puissance du non de gauche ce sont les forces populaires qui ont repris l’initiative et ont infligé une défaite à une option stratégique des classes dominantes européennes Cette victoire est bien entendu une victoire partielle mais elle n’est pas isolée. Elle prolonge des tendances préexistantes et leur permet de franchir un seuil devant lequel avaient échoué bien des luttes sociales et des mobilisations en France et ailleurs. En ce sens elle signale un basculement de conjoncture : ceux d’en haut ne peuvent gouverner comme avant, ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant. Sommes-nous pour autant dans une situation révolutionnaire ou pré-révolutionnaire ? On sait bien que non, car pour cela il faut aux classes dominées la capacité non seulement de mettre en échec la stratégie du bloc dominant mais aussi celle d’élaborer et d’imposer leurs propres solutions. Et de cela, les militants de la gauche radicale savent que nous en sommes assez loin pour l’instant. [17]

Mais le but révolutionnaire nous per met d’identifier sans complaisance les limites actuelles du processus et d’in diquer quels éléments doivent se déve lopper pour arriver à cette capacité des travailleurs « d’imposer leurs propres solutions ».

Il s’agit d’abord de la construction à l’intérieur même du mouvement, et notamment dans les syndicats, d’une direction alternative aux actuelles directions. Et cette direction devra à terme être constituée de centaines de milliers de militants syndicaux et associatifs susceptibles d’organiser dans la lutte des millions de travailleurs en France. Cela ne peut se faire « à froid » en dehors de l’expérience concrète des luttes. Cela pourra encore moins se faire sur la base d’un mouvement encaissant défaite après défaite. C’est dans l’organisation de la résistance puis de la riposte aux attaques de Sarkozy que cette direction peut aujourd’hui continuer son processus d’éducation et de construction.

Mais il faudra encore plus. Au sein même de cette couche dirigeante devra se forger une organisation révolution naire dont les orientations et les pers pectives pourront être jugées voire testées à chaque nouvelle étape de la lutte.
Tirant les leçons de l’échec de la révo lution espagnole Trotsky dénonce ceux qui font porter la responsabilité à «  l’insuffisante maturité des masses » :

Mais pourquoi des ouvriers, qui montrent un instinct révolutionnaire si sûr, et des aptitudes à ce point supérieures au combat, iraient-ils se soumettre à une direction traître ? objectent nos sages. Nous répondrons qu’il n’y eut pas la moindre trace d’une telle soumission. La ligne de combat suivie par les ouvriers coupait à tout moment sous un certain angle celle de la direction, et, dans les moments les plus critiques, cet angle était de 180 degrés. La direction, alors, directement ou indirectement, aidait à soumettre les ouvriers par la force des armes. […]
Comme les libéraux, nos sages admettent tacitement l’axiome selon lequel chaque classe a la direction qu’elle mérite. En réalité, la direction n’est pas du tout le « simple reflet » d’une classe ou le produit de sa propre puissance créatrice. Une direction se constitue au travers des heurts entre les différentes classes ou des frictions entre les différentes couches au sein d’une classe don née. Mais, aussitôt apparue, la direction s’élève inévitablement au des sus de sa classe et risque de ce fait de subir la pression et l’influence d’autres classes. Le prolétariat peut « tolérer » pendant longtemps une direction qui a déjà subi une totale dégénérescence inté rieure, mais qui n’a pas eu l’occasion de la manifester au cours de grands événements. Il faut un grand choc historique pour révéler de façon aiguë la contradiction qui existe entre la direction et la classe. Les chocs historiques les plus puissants sont les guerres et les révolutions. C’est précisément pour cette raison que la classe ouvrière se trouve souvent prise au dépourvu par la guerre et la révolution. Mais, même quand l’ancienne direction a révélé sa propre corruption interne, la classe ne peut pas improviser immédiatement une direction nouvelle, surtout si elle n’a pas hérité de la période précédente des cadres révolutionnaires solides capables de mettre à profit l’écroulement du vieux parti dirigeant. L’interprétation marxiste, entre une classe et sa direction, ne laisse pas pierre sur pierre des sophismes légalistes de notre auteur. [18]

Il y a dans la réponse que font Pierre Rousset et Daniel Bensaïd à Stathis Kouvélakis et Antoine Artous [19] comme une négation de cette nécessité pour une direction révolutionnaire de se constituer « au travers des frictions entre les différentes couches au sein d’une classe donnée ». Dans la recherche d’une voie sur la gauche, la classe ouvrière croisera pendant encore une longue période des dirigeants qui évoluent vers la droite. Les révolutionnaires ne sont pas responsables de ces différents mouvements. Mais ils peuvent accélérer les rythmes de différenciation entre les uns et les autres. Pour cela ils doivent se battre au sein même des processus à travers lesquels les travailleurs construisent leur direction.
Bien qu’il dure depuis plus de dix ans maintenant le processus, tel qu’il se déroule en France, n’en est qu’à ses pre miers balbutiements. La lenteur avec lequel il se développe actuellement est en partie un reflet du rythme de déve loppement de la crise du capitalisme. Cela ne devrait créer aucune complaisance de notre part. Parce qu’au regard des limites à franchir notre tâche est immense.


Évolution des grèves

Selon le ministère du Travail lui-même le nombre de grèves est largement sous-estimé dans les statistiques nationales. L’erreur n’est pas négligeable puisque différentes enquêtes estiment que la moitié des conflits ne sont pas répertoriés [20]. Une comparaison entre un questionnaire envoyé aux employeurs et les remontées administratives fait même état de l’absence de quatre conflits sur cinq dans le décompte annuel ! [21]

Par ailleurs on n’a aucun moyen de savoir si l’erreur commise est stable sur la durée (il semble probable par exemple que plus le nombre de conflits locaux est élevé et moins ils sont recensés) rendant problématique la comparaison de l’évolution sur plusieurs années.
Jean-Marie Pernot avoue ainsi : « On postulera cependant, faute de mieux, une sta bilité de cet écart, toute autre hypothèse ne pouvant que condamner au silence  » ! [22] La plupart des analyses dominantes n’ont pas cette honnêteté et utilisent les chiffres officiels pour démontrer la fin de la grève… et donc celle de la lutte des classes. Pourtant malgré leur caractère incertain les données disponibles ne prêtent pas à cette conclusion.

Trois caractéristiques doivent être tirées de ces courbes :

- Après une tendance à la baisse du nom bre de grèves du milieu des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990, la tendance s’inverse ensuite sur les dix années qui suivent 1995.

- La remontée est instable avec des pics cependant de plus en plus rapprochés.

- La remontée est encore lente.

Ces résultats doivent être combinés avec un autre type d’enquête mis en place récemment par le Ministère du travail, enquête qualitative auprès des employeurs d’un échantillon représentatif et aléatoire de 2 930 entreprises de plus de 20 salariés [23]. Cette enquête permet de comptabiliser des types de conflits collectifs non répertoriés dans les statistiques officielles comme grèves (débrayages, grèves de moins de deux jours, refus des heures supplémentaires…). Selon les déclarations des représentants de la direction [24] 30 % des entreprises ont connu au moins un conflit collectif entre 2002 et 2004 contre 21 %entre 1996 et 1998. Si on rapporte ces chiffres au nombre des salariés concernés l’augmentation est encore plus nette puisque les conflits touchent presque la moitié des salariés (-17,2 %) entre 2002 et 2004 contre 38,8 % entre 1996 et 1998.

Évolution du Nombre de journées Individuelles Non Travaillées (NINT) sur les 30 dernières années [25]

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Chiffres tirés de René Mouriaux, Crises du syn­dicalisme français, Éditions Montchrestien, 1998.
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Total entreprises privées et Fonction publique, chiffres tirés de René Mourriaux, Ibid. et de L’année sociale 2002, sous la direction de Sophie Béroud et René Mouriaux, Éd.Syllepses.
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Total idem sauf conflits généralisés pour entreprises privées et nationalisées, chiffres tirés de INSEE, http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?tab_id=254

Rosa Luxemburg et le processus de grève de masse [26]

En janvier 1905 une manifestation des travailleurs russes portant une supplique au tsar est violemment réprimée par l’armée.

Ce « dimanche sanglant » déclenche un processus révolutionnaire qui conduira notamment, pour la première fois de l’histoire, à la création de conseils ouvriers (les soviets) en octobre.

Dans son livre Grève de masse, parti et syndicats Rosa Luxemburg tire de grandes leçons de cette expérience.

La nature du capitalisme et, partant, les spécificités de la classe ouvrière donnent à la grève un rôle central non seulement comme forme de conflit avec la classe dirigeante mais aussi comme moteur même du processus par lequel la classe ouvrière devient une classe révolutionnaire.

Dans les révolutions bourgeoises antérieures, ce sont les partis bourgeois qui avaient pris en main l’éducation politique et la direction de la masse révolutionnaire, et d’autre part il s’agissait de renverser purement et simplement l’ancien gouvernement ; alors le combat de barricades, de courte durée, était la forme la plus appropriée de la lutte révolutionnaire. Aujourd’hui la classe ouvrière est obligée de s’éduquer, de se rassembler, et de se diriger elle-même au cours de la lutte et ainsi la révolution est dirigée autant contre l’exploitation capitaliste que contre le régime d’État ancien ; si bien que la grève de masse apparaît comme le moyen naturel de recruter, d’organiser et de préparer à la révolution les couches prolétaires les plus larges, de même qu’elle est en même temps un moyen de miner et d’abattre l’Etat ancien ainsi que d’endiguer l’exploitation capitaliste. Le prolétariat industriel urbain est aujourd’hui l’âme de la révolution en Russie. Mais pour accomplir une action politique de masse, il faut d’abord que le prolétariat se rassemble en masse ; pour cela il faut qu’il sorte des usines et des ateliers, des mines et des hauts fourneaux et qu’il surmonte cette dispersion et cet éparpillement auxquels le condamne le joug capitaliste. Ainsi la grève de masse est la première forme naturelle et spontanée de toute grande action révolutionnaire du prolétariat.

La révolution ne peut donc être analysée (et encore moins planifiée) comme un acte isolé. Elle ne peut être le produit d’une décision prise par un parti, soit-il le plus conséquent. Elle est l’essence du processus de grève de masse : « La grève de masse est bien plutôt un terme qui désigne collectivement toute une période de la lutte de classe s’étendant sur plusieurs années, parfois sur des décennies. »

On peut croire que quelques années d’une accalmie apparente et d’une réaction sévère séparent le mouvement d’alors [la grève générale des ouvriers du textile de St Pétersbourg en 1896 et 1897] de la révolution d’aujourd’hui ; mais si l’on connaît tant soit peu l’évolution politique interne du prolétariat russe jusqu’au stade actuel de sa conscience de classe et de son énergie révolutionnaire, on ne manquera pas de faire remonter l’histoire de la période présente des luttes de masse aux grèves générales de Saint-Pétersbourg.

Rosa Luxemburg argumente contre la vision mécanique d’un progrès graduel. C’est à travers des contradictions, des avancées et des reculs apparents que le processus se déploie. « Il est faux de dire que l’action politique de classe en janvier fut brisée parce que la grève générale s’émietta en grèves économiques. C’est le contraire qui est vrai : une fois épuisé le contenu possible de l’action politique, compte tenu de la situation donnée, et de la phase où se trouvait la révolution, celle-ci s’émietta ou plutôt se transforma en action économique. En fait que pouvait obtenir de plus la grève générale de janvier ? Il fallait être inconscient pour s’attendre à ce que l’absolutisme fût écrasé d’un coup par une seule grève générale « prolongée » selon le modèle anarchiste. C’est par le prolétariat que l’absolutisme doit être renversé en Russie. Mais le prolétariat a besoin pour cela d’un haut degré d’éducation politique, de conscience de classe et d’organisation. Il ne peut apprendre tout cela dans les brochures ou dans les tracts, mais cette éducation, il l’acquerra à l’école politique vivante, dans la lutte et par la lutte, au cours de la révolution en marche. »

Les formes de luttes au travers lesquelles le processus se développe sont multiples « grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l’une sur l’autre. »

Enfin c’est au travers de ce processus que se développent conscience de classe et organisations : « La conception rigide et mécanique de la bureaucratie n’admet la lutte que comme résultat de l’organisation parvenue à un certain degré de sa force. L’évolution dialectique vivante, au contraire, fait naître l’organisation comme un produit de la lutte. »

Notes

[1Hélène Adam in Adam Hélène, Debons Claude, Rozes Stéphane, Mezzi Dominique, Décembre 1995 : nouveau cycle politique, 24 novembre 2005, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article924

[2La seconde moitié des années 1980 est ainsi marquée par l’émergence des coordinations dans plusieurs grèves (étudiants, infirmières, cheminots...) qui favorisent l’implication de tous les grévistes.

Les grèves dans l’automobile de toute la décennie 1980 voient l’émergence des travailleurs immigrés comme compo sante des luttes de travailleurs en France. Les enfants des travailleurs immigrés ont leur vie et leur avenir en France. Contre le racisme ils s’organi sent pour réclamer leurs droits. En 1983 a lieu la «  marche pour l’égalité  » qui part de Marseille et finit par 100 000 manifestants à Paris.

Dans les années 1990 commencent les grèves de la ’dévalorisation’ menées par de nouveaux secteurs du salariat «  prolétarisés  » par l’évolution du capitalisme.
A l’automne 1994 des grèves dures se déclenchent à GEC-Alsthom et à Péchiney par déjeunes techniciens à la formation dévalorisée. Une première grève a lieu dans un restaurant MacDo à Massy-Palaiseau. Cette contestation rejoignait le mouvement plus large de rejet du Contrat d’insertion profession­nelle (CIP) en février 1994 (dont l’ob jectif était de baisser de 20 % par rapport au SMIC le salaire des jeunes diplômés de BTS ou DUT). Le printemps de 1995 est émaillé de conflits dans les entrepri ses publiques en lien avec l’introduction de critères de rentabilité où les agents tentèrent d’alerter les usagers sur le démantèlement progressif du service public.

[3Sophie Béroud, René Mouriaux, Michel Vakaloulis, Le mouvement social en France, Paris, La Dispute, 1998.

[4Cet article se limite à l’exemple de la France mais il est évident que la période est marquée par le développement de luttes radicales dans le monde entier - qui interagissent - dont les processus révolutionnaires en Amérique latine sont les formes les plus spectaculaires.

[5Editorial Socialisme International, 20 décembre 1995.

[6Denis Godard La crise d’un parti fasciste, publications L’Étincelle, janvier 1999.

[7Sophie Béroud, René Mouriaux, Michel Vakaloulis, Ibid.

[8Ce boycott suscitera des débats jus que dans les syndicat, pour savoir s’il s’agit d’un substitut à la grève. De manière stratégique il soulève la ques tion du coeur de notre pouvoir, dans les rapports de consommation ou de pro duction  ? Appelé par les syndicalistes en lutte il sera néanmoins un moyen pour démontrer que, même quand nous som mes en position de consommateurs, nos intérêts sont ceux des producteurs.

[9Cf. l’article de Alex Callinicos et Chris Nineham, «  At an impasse  ? Anti-capitalism and the social forums today  », International Socialism 115, été 2007.

[10Stathis Kouvélakis, Le retour du politique, 25 juin 2005, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article223

[11Bertrand Geay in L’année sociale 2003-2004, sous la direction de Sophie Béroud et René Mouriaux, Éditions Syllepse 2004.

[12René Mouriaux, Le printemps anti-Fillon in L’année sociale 2003-2004, Ibid.

[13Pierre Rousset, Après le «  bovéthon  » en défense du principe d’organisation 26 février 2007, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article4979

[14Stathis Kouvélakis et Antoine Artous, France : les leçons d’une défaite 1 juin 2007

[15Rosa Luxemburg, «  Grève de masse, parti et syndicats  », in Réforme ou révolution  ? grève de masse, parti & syndicats, Éditions La Découverte & Syros, 2001.

[16Lénine, «  À propos des grèves  », Œuvres vol. 4, p 325.

[17Stathis Kouvélakis, Le retour du politique, Ibid.

[18Léon Trotsky, «  Classe, parti et direction, Pourquoi le prolétariat espagnol a-t-il été battu  ?  » (Questions de théorie marxiste), été 1939, http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/00/19390000.htm

[19Pierre Rousset et Daniel Bensaïd. Un étrange bilan, 22 juin 2007

[20Sophie Camard, «  Compter les grévistes,  » Vacarme 26, hiver 2004, http://www.vacarme.eu.org/article1276.html

[21Delphine Brochard, «  Évaluation des statistiques administratives sur les conflits du travail  », Documents d’études DARES, no79, novembre 2003.

[22Jean-Marie Pernot, Conflits du public, conflits du privé, in Le conflit en grève  ?, sous la direction de Jean-Michel Denis, La Dispute, 2005.

[23DARES  Des conflits du travail plus nombreux et plus diversifiés  », Premières synthèses Informations, N°08.1, Février 2007, http://www.travail.gouv.fr/IMG/pdf/2007.02-08.1.pdf

[24Sur un certain nombre de cas les déclarations des représentants de la direction ont été croisées avec celles des représentants syndicaux. Sans surprise le nombre de conflits recensés par ceux-ci est systématiquement supérieur à celui annoncé par les représentants de la direction.

[25Les courbes ne peuvent se superposer à cause des changements dans le, méthodes de relevés statistiques.

[26Rosa Luxemburg, «  Grève de masse, parti et syndicats  », in Réforme ou révolution  ? grève de masse, parti & syndicats, Editions La Découverte & Syros, 2001


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